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Pour un réenchantement du monde du travail !


Dans le cadre de la publication de son nouvel essai intitulé « La joie d’être au monde, manifeste pour des réenchantements », Olivier Bérut nous fait le plaisir de nous en donner un aperçu. Il veut mettre en parallèle des questions que chacun rencontre aujourd’hui et qui ont un écho évident dans le monde de l’entreprise. Répondre à ces questions revient à faire de la place à la sagesse et revient au fond à oser être un contributeur humble mais résolu au réenchantement du monde (du travail en particulier).

I - TROIS ENNEMIS & UN DEFI POUR NOTRE MONDE

La peur

Si nous n’y prenons pas garde, nous intériorisons toutes les « évidences », tous les « inéluctables », tous les « impossibles » qui se manifestent dans le réel. Imperceptiblement, nous vivons alors quelque part entre l’angoisse omniprésente et la discrète inquiétude d’être au monde… Nous devons nous battre pour ne pas perdre le Courage que les Grecs élevèrent en vertu et faire advenir du Bon pour le monde.

Le cynisme

Pour le meilleur et pour le pire, notre monde est hyperfinanciarisé et transhumanisé. Remettons-nous l’homme au centre ou devenons-nous des gestionnaires de son extinction prévisible ? Ce défi se manifeste comme la reconquête de la Sagesse et d’une spiritualité, d’un Ordre symbolique. Nous avons besoin de Vrai.

L’égoïsme

Les deux précédents ennemis pourraient nous pousser au repli et à l’indifférence… dont l’entertainment est sans doute un symptôme majeur. Il est question de redécouvrir ici le Beau dont l’égoïsme est une forme pervertie.

Le Réenchantement

Les trois ennemis précédents indiquent en creux une triple reconquête : le Bon, le Vrai, le Beau. Pour moi, cette reconquête relève d’un réenchantement du monde. Ce réenchantement ne peut se décréter ou se proclamer. Il passe pour moi par un regard lucide sur le Réel (« œuvre au Noir » des Alchimistes) puis par un travail intérieur qui conduit à l’enthousiasme (« œuvre au Blanc ») et enfin par un travail collectif qui permet de co-construire un monde intéressant, exaltant et ou il fait « mieux vivre » (« œuvre au Rouge»).

L’entreprise et plus largement les institutions (organisations, associations, etc.) n’échappent évidemment pas à ces enjeux. Pour filer une métaphore textile, la question du réenchantement du travail et de l’entreprise me semble être la « chaîne » organisationnelle qui sous-tend plusieurs démarches actuelles (« libération des énergies », « holacratie », « entreprise opales », etc.). Ces démarchent visent à mettre l’humain au centre et changent ainsi l’organisation et le fonctionnement des entreprises qui les pratiquent. Si la « chaîne » des transformations de nos entreprises est organisationnelle – et interne -, la trame de ces transformations relève de trois mutations qui viennent de l’extérieur et qui, fondamentalement, relèvent d’un réel qui est devenu complexe et qui met en abime la pensée mécaniste et pyramidale…

II - TROIS DEFIS ACTUELS POUR NOS ENTREPRISES

L’entreprise, un être vivant !

Notre culture occidentale et cartésienne appréhende l’entreprise avec une métaphore implicite : l’entreprise fonctionne comme une machine. Cette métaphore est efficace : elle permet d’organiser rationnellement l’entreprise (Taylorisme, Management de la Qualité Totale, management par projet, , etc.). Mais, dans toute organisation, il y a aussi du désir, des paradoxes, des stratégies d’acteurs, de l’énergie et pas mal d’autres composantes qui ne relèvent pas de la « machine » : les managers le savent bien. La métaphore de « l’entreprise-machine » a donc ses limites. Nous avons besoin de sens, de « pourquoi », de symboles !

L’émergence du « CO »

Des fonctionnements nouveaux, collaboratifs, apparaissent aujourd’hui dans nos entreprises (communautés, co-design - avec les clients, les collaborateurs, les fournisseurs -, hiérarchies « écrasées », attentes générationnelles des « Y » et des « Z », etc.). Plus prosaïquement, au sein d’un CODIR, même si les objectifs peuvent être affectés à des Directeurs spécifiques, presque aucun objectif n’est réellement sous le contrôle exclusif d’une seule personne : pour avancer, Directeur aura en pratique besoin, à un moment ou à un autre, de l’aide d’un ou plusieurs collègues. Les silos sont pratiques pour penser l’expertise et les métiers, mais ils sont inefficaces pour que nos clients vivent une expérience réellement exceptionnelle (nos clients se fichent pas mal du découpage de nos entreprises !). Or, ce qui fait qu’un client vit une expérience exceptionnelle, c’est précisément que chacun a fait son job (cf. le silo) mais qu’en plus chacun a assuré une transmission à la frontière de son périmètre. Et du coup, les silos posent aussi problème à nos collaborateurs.

La mutation du management

Notre management est souvent challengé sur ces questions, d’autant que si nous disposons de pas mal d’outils pour manager un individu (missions, objectifs, entretiens d’évaluation, formation, etc.), nous sommes beaucoup moins bien équipés pour manager le collectif (équipe, projet collectif, sens, performance, etc.). De plus, une véritable révolution traverse le management et lui fait vivre une mutation historique (que la libération des énergies incarne par exemple). « Avant », le manager assignait les tâches (il fallait donc réfléchir aux compétences), évaluait le travail et, surtout, il savait COMMENT faire. « Demain » (et parfois aujourd’hui), le manager doit porter le sens (pourquoi), motiver (donc penser « talents ») et joie des collaborateurs et oser être devant ses équipes sans savoir COMMENT (mais du coup en ayant de méthodes de créativité et d’agilité pour que le collectif invente le COMMENT au nom du POURQUOI dont le manager reste le garant).

En synthèse de ce très court article, je terminerai par un clin d’œil. Nous devons redécouvrir et faire évoluer dans le champ professionnel (mais dans l’ensemble plus large de nos domaines d’engagement) la mission de l’entrepreneur. Le terme « entrepreneur » nous parle d’action (et de main) et de regard décalé sur le réel (prendre ce qui est « entre »). Notre avenir dépend de notre capacité à passer de la dette (prendre et se servir) au don (transmettre et servir sans avoir peur d’avoir besoin – donc en apprivoisant la confiance). Nous sommes appelés, il me semble, à devenir des « entredonneurs » et des « entrereceveurs ».

Olivier BERUT

oberut@onpeutparfairelemonde.com

www.onpeutparfairelemonde.com

+33 6 23 07 11 17

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